La situation que nous traversons, inimaginable il y a encore quelques mois, va profondément et durablement modifier nos comportements. Tant que nous n’aurons pas de vaccin efficace à notre disposition, nous devrons vivre avec les gestes barrières.

Pour certains secteurs, comme celui de la fête, cette nécessité oblige à repenser en profondeur, à réinventer les modes d’organisation en prenant en compte, aujourd’hui, deux contraintes : nécessité de respecter les gestes barrières pour protéger la clientèle et la population, nécessité d’une reprise économique de ce secteur déjà gravement touché par le confinement.

Ce temps de « réinvention de la fête » peut être une chance pour nous tous. Saisissons l’opportunité qui nous est donnée pour inventer ensemble un nouveau modèle de la fête, écoresponsable et non polluant.

Malgré toutes ses contraintes, le confinement a eu quelques effets collatéraux positifs. Ainsi les Parisiens(es) ont pris pleinement conscience de l’ampleur de la pollution sonore qu’ils subissaient au quotidien.

Bruitparif, qui enregistre le niveau sonore dans différents quartiers de Paris a mesuré cette baisse :  depuis le début du confinement, les niveaux sonores intramuros ont très fortement diminué, surtout la nuit entre 22h et 6 heures du matin et cette baisse est particulièrement marquée dans les quartiers festifs.

Les Parisiens sont déjà nombreux à se réjouir du calme découvert , à exprimer leur bonheur de pouvoir entendre le chant des oiseaux, dormir la fenêtre ouverte ou profiter des douceurs du printemps tout en restant confinés.

Réentendre les « gazouillis des oiseaux » n’est pas anecdotique comme certains voudraient le faire croire, car la pollution sonore est un enjeu majeur de santé publique. Celui-ci a été passablement oublié par les politiques jusqu’à présent. Le récent documentaire «  Grand Paris sous silence » illustre ses multiples causes, chiffre les conséquences de cette pollution sur la santé des Franciliens, explique pourquoi le temps de la nuit doit être particulièrement préservé et souligne le progrès de la mesure des niveaux sonores au quotidien, en toute transparence.

Au sortir du confinement personne ne veut un retour massif des voitures et cela va inciter à accélérer le déploiement des mobilités non polluantes. De la même façon, il faut que cette baisse de la pollution sonore perdure et s’inscrive comme une des priorités de la politique mise en œuvre par la nouvelle équipe municipale.

Profitons de l’enquête nationale faite par Acoucité sur la perception de l’environnement en période de confinement. Diffusons le plus largement possible cette enquête. Incitons le plus grand monde à y répondre. Bien que nationale, les réponses des résidents de l’Ile de France feront l’objet d’un traitement spécifique complémentaire par Bruitparif en relation avec Acoucité. Exprimons-nous car il est essentiel que soit mise en place une politique parisienne ayant pour objectif de réduire fortement la pollution sonore, surtout la nuit et même dans les quartiers festifs.

C’est possible ! car la pollution sonore du voisinage n’est pas une conséquence nécessairement intrinsèque à la fête. Les exemples concrets sont nombreux de cohabitations parfaitement réussies. Nous devons dépasser ce paradigme erroné et travailler ensemble sur un nouveau socle simple : la fête, indispensable au bien-être de tous doit être soutenue et doit pouvoir se développer mais elle ne doit plus être une activité polluante. Et priorité doit être donnée à la lutte contre la pollution sonore la nuit.

Nous avons cette opportunité de « réinventer la fête, » mais nous sommes à un moment de bascule où tout est possible : le meilleur comme le pire. Il est certain qu’une partie du lobby de la fête, faisant valoir la priorité des enjeux économiques, va, au contraire, œuvrer pour faire sauter ce qu’il considère comme des contraintes et essayer d’obtenir une tolérance accrue pour plus de pollution sonore. Céder à ces demandes serait une grave faute. Une maison dont la charpente a été secouée, on la reconstruit sur un nouveau plan, plus beau, plus adapté au terrain, pour qu’elle dure plus longtemps. On ne la rafistole pas pour, peu de temps après, devoir refaire les travaux : perte de temps, d’énergie, d’argent. Les Parisiens ont pris goût au calme ; le bruit, surtout la nuit, est maintenant reconnu comme un problème majeur de santé. Ce sont des faits, nouveaux. Une chose est sûre : le terrain a changé. Il faut évidemment en tenir compte et d’emblée rebâtir la nuit parisienne avec des fondations bien posées.

La solidarité nationale doit soutenir fortement ce secteur gravement impacté par les conséquences de la pandémie. Ce soutien doit être source de progrès. Il doit s’inscrire dans un engagement pour un modèle plus écoresponsable et non polluant de la fête. Cet objectif est parfaitement réalisable. Nul doute que les professionnels de la fête qui ouvrent leur regard sur les tendances profondes de la société, sur les évolutions à long terme des attentes sociales, comprendront tout l’intérêt qu’il y a pour eux de montrer qu’ils sont sensibles à l’intérêt collectif. Après tout, « fête » rime avec « collectif ». Montrer qu’ils jouent « collectif » peut contribuer à faire davantage entrer la « fête » dans le quotidien, et en multiplier les occasions. Une fête écoresponsable et non polluante, c’est avancer avec l’air du temps, c’est leur intérêt.

Nous souhaitons travailler avec tous les acteurs de la fête qui voudront partager cet objectif et nous souhaitons être fortement soutenus par la prochaine équipe municipale de Paris.

Docteur Bertrand Lukacs

 

 

 

 

 

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